الأحد، مايو 25، 2008

نص قصصي للمبدع أحمد العيناني، مبدع يقارب غواية القص والشعر بلغة موليير، وينتحب الأزجال باللغة الأم، لغة تعانق اليومي الضارب في حزننا وفرحنا..

Voyante incommodée
Sous une tente blanche, dressée au pied d'un arbre dénudé, s’agitait un petit étendard blanc. Une dame d’une quarantaine d’années était assise sous la tante. Devant elle, sur une petite carpette blanche, des cartes étaient étalées. Son visage noirâtre et décharné était plein de rides, ses yeux sombres et profonds. Autour du front, elle avait une bande de tissu blanc. Elle avait toujours l’air méditative et ne souriait presque jamais; elle parlait peu et bas. Ses phrases sont à la fois concises et confuses. le respect que toutes ses clientes lui vouaient était entaché d’une crainte qu’elle savait maintenir. Aucune d’elles n’osait la contrarier ni lui demander l’éclaircissement de l’une de ses phrases obscures. Autour d’elle, des femmes –assises en tailleurs—attendaient leur tour dans la pénombre de la tente, que la fumée se dégageant d’un brasero rendait dense. Parmi ses clientes naïves et désireuses de se faire dévoiler l’avenir, se trouvait Fatima, la femme de si Salah le boucher. Elle avait la poitrine découverte. Son fils s’accrochait à l’une de ses mamelles flasques et pendantes ; tout en fixant d’un œil distrait les cartes étalées sur la carpette blanche. A l’arrivée du tour de la femme du boucher, la <— Oh lalla Fatima, je lis sur mes cartes que tu souffres. Je vois aussi que Si Salah, ton mari, commence à s’intéresser à une jeune femme de votre entourage. Une femme de taille moyenne et qui a une cicatrice sur le bras droit. Si je t’annonce son nom tu sauras vite de qui il s’agit, mais je préfère ne pas vous créer d’ennuis. Alors que la voyante causait, l’enfant tétait en continuant à fixer l’étalage des cartes. Tout à coup l’envie d’en prendre une s’accapara de l’enfant. Sa maman l’en empêcha, et de son regard plein de conviction, elle supplia la cartomancienne de lui annoncer le nom de sa rivale. Malgré sa mère, l’enfant tendit la main vers les cartes. Ce geste fut vite réprimé. Alors l’enfant éclata en sanglots. Ses cris couvrirent les paroles creuses de la « chouafa ». Celle –ci braqua ses yeux sombres et profonds sur ceux (gais et innocents) de l’enfant dont les cris redoublèrent d’intensité sous l’effet de la peur que le regard rude de la voyante lui inspira. Les femmes qui attendaient leur tour furent gênées par les cris stridents de l’enfant। Certaines arrivèrent à masquer leur mécontentement ; d’autres demandèrent à Fatima de calmer son fils. Elle fut embarrassée. Ne voulant pas perdre l’une de ses clientes les plus crédules et les plus généreuses , la « chouafa » prit l’une des cartes étalées et la tendit à l’enfant pour qu’il cesse de chialer. L’enfant se saisit de la carte, la porta à sa bouche, l’en éloigna promptement, la regarda un instant puis la jeta et se mit de nouveau à crier, empêchant ainsi (à son insu) sa maman d’écouter ce que lui racontait la voyante. Voulant le calmer, une femme de celle qui attendaient leur tour, ramassa la carte et la lui redonna. L’enfant la saisit et tout en criant de plus en plus fort la déchira et la lança en direction de la chiromancienne. Celle-ci pâlit, rougit et se mit à trembler de colère. Cela ne dura pas longtemps, car la «chouafa » se ressaisit vite et demanda à Fatima de revenir le vendredi d’après. Fatima se leva en tenant son fils qui ne cessait de crier entre ses bras. Avant de s’en aller, elle salua l’assistance et n’oublia pas d’enfouir quelques dirhames dans le creux de la main que la voyante lui tendait.
Rédigé par Ahmed El Inani. FES

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